Lors de notre learning expedition en Europe à l’été 2020, nous avions visité The Rookie Minds à Utrecht et Brechje nous avait parlé de sa semaine de quatre jours, pour elle ce jour off en plus était "un petit cadeau" qu'elle se faisait chaque semaine.
Là-bas, nous avions aussi visité BvdV, le cabinet d’avocat d’un nouveau genre dont les collaborateurs travaillent 4 jours sur leurs missions d’avocat et un cinquième jour sur des sujets annexes (toujours liés à leur job quand même).
En juillet dernier, on vous parlait de l’expérimentation grandeur nature de la semaine de 4 jours au Royaume-Uni menée par la fondation 4 Day Week Global. Pour rappel, 70 organisations (3 300 salariés au total) instaurent la semaine de 4 jours, payée 5, de juin à décembre 2022.
Les premières conclusions à mi-chemin de cette expérimentation grandeur nature sont sorties ! La fondation 4 Day Week Global a partagé les premiers indicateurs chiffrés après près de 4 mois d’expérimentation.
Globalement, l’expérimentation est positive, avec une certaine forme d'hétérogénéité entre les organisations. Pour certaines, la transition semble avoir été aisée alors que pour d’autres, elle s’accompagne de quelques frictions.
Les organisations viennent de secteurs variés et sont de tailles différentes. Elles possèdent toutes une structure organisationnelle et une culture propre qui peuvent influer sur la facilité de la mise en place d’une réduction du temps de travail.
Maintenant, passons aux chiffres !
4 Day Week Global a envoyé un questionnaire aux entreprises partenaires pour évaluer certains aspects (questions déclaratives avec évaluation de 1 à 5). Les chiffres qui suivent concernent un peu plus de la moitié des organisations pilotes, celles qui ont répondu, donc il peut y avoir un petit biais.
Ceci étant dit, voici les résultats du questionnaire :
88% disent que la semaine de 4 jours fonctionne pour leur organisation à ce stade
46% estiment qu’elles ont le même niveau de productivité qu’avec la semaine de 5 jours, 34% que la productivité a légèrement augmenté et enfin 15% que la productivité a vraiment augmenté de manière significative.
Sur la facilité de la transition de 5 à 4 jours : (échelle de 1 à 5 avec 5 "extrêmement facile”) : 29% ont sélectionné 5, 49% 4 et 20% 3.
86% disent qu’il est très probable ou probable qu’ils continuent la semaine de 4 jours après la période d’essai de 6 mois.
Ces chiffres sont encourageants même s'il sera encore plus intéressant d’avoir une vision globale des 70 organisations pilotes et des conclusions plus poussées. Le questionnaire de 4 Day Week Global porte davantage sur la productivité et l'adaptation de l’entreprise elle-même.
On ne parle pas encore de l’ambiance au travail, de la rétention des talents et de l’attraction de nouveaux collaborateurs.
On ne parle pas non plus encore d’équilibre pro-perso, même si l’augmentation de la productivité peut résulter du fait d’avoir plus de temps hors du travail. Sur ce sujet, une des dirigeantes d’une entreprise pilote explique :
“Il est certain que nous apprécions tous notre jour additionnel de congé et que nous revenons au bureau revigorés. C’est bon pour notre bien-être et c’est sûr que nous sommes déjà plus productifs”
Un autre exemple : une association originaire de Bristol qui avait fait un essai de 6 mois l’année dernière, épaulée par un autre mouvement, le 4 Day Week Campaign. Cette association, City to Sea, a décidé de continuer l’essai et de passer de manière permanente à 4 jours par semaine. Après un an, les 19 employés qui travaillent désormais 4 jours (32H)* sans réduction de leur rémunération, sont ravis.
Selon les mots de Hetti Dysch, la manager RH :
"La culture du plus rapide, plus grand et toujours mieux crée de la fatigue et du burnout au sein des collaborateurs. C’est ce qui a amené la catastrophe climatique puisque le profit est placé au-dessus de la protection de notre précieuse planète. Chez City to Sea, nous sommes passés à la semaine de 4 jours car nous nous soucions du bien-être de notre équipe qui se bat pour protéger les océans de la pollution plastique”
*Petit aparté tout de même : Ces 32h sont peut-être à mettre en parallèle avec les 35h hebdomadaires françaises, mesure introduites il y a déjà 22 ans (les cadres n’étant pas concernés, 64% d’entre eux travaillant plus que 35h**). Il est intéressant de noter que les initiatives favorisant la réduction du temps de travail dans certains pays, comme la Grande-Bretagne, sont des initiatives privées.
Voilà pour les premières conclusions et quelques retours sur la semaine de 4 jours. On reste à l'affût des entreprises qui sautent le pas pour aller leur rendre visite !
Sources :
**https://www.insee.fr/fr/statistiques/4238439?sommaire=4238781#titre-bloc-9
Comments